Le temps des Fêtes au SQUAT Basse-Ville

Le temps des Fêtes n’est pas toujours de tout repos au SQUAT Basse-Ville. Pour les jeunes qui séjournent au refuge de la rue Notre-Dame-des-Anges à Québec, c’est une période plus sensible qui leur fait vivre toutes sortes d’émotions. Certains sont en situation d’itinérance, d’autres ont un réseau familial à peu près inexistant. Heureusement, il y a Marc-André Tremblay qui prend soin d’eux. L’intervenant au volet résidentiel y passe son dixième Noël. Il fait tout ce qu’il peut pour semer du bonheur et mettre un peu de magie dans leur vie.

« C’est important que les fêtes soient soulignées, que les jeunes ne se sentent pas différents des autres. On est encore plus souriant et plus chaleureux qu’à l’habitude. » Celui que les jeunes surnomment affectueusement « Marcus » a à cœur le bien-être de ses protégés. Décorations, musique du temps des fêtes, cadeaux personnalisés, repas traditionnel, tous les petits détails comptent pour lui et l’équipe d’intervenants.

Les jeunes qui fréquentent le SQUAT ne l’ont pas eu facile dans la vie. Certains traînent depuis longtemps des problèmes de toxicomanie sévère, de santé mentale ou des problèmes d’abandon. D’autres ont vécu des traumatismes majeurs, comme des agressions sexuelles. Marcus est bien placé pour les comprendre puisqu’il se décrit lui-même comme un marginal fonctionnel. Il a eu dans le passé des problèmes de toxicomanie et un comportement violent. Il a réglé ses bêtes noires, a suivi une thérapie et s’est remis sur le droit chemin.

Pour Marcus, c’est le juste retour du balancier d’aider les jeunes à s’en sortir. La mission qu’il se donne chaque jour au SQUAT, c’est d’être un adulte significatif pour eux. « J’ai lu dans un article que tous les jeunes marginalisés qui s’en sortent ont eu un éducateur ou un adulte positif qui croyait en eux. Moi j’ai acheté ça. Si je deviens cet adulte-là, je peux faire la différence dans leur vie. »

Même s’il prend une pause de quelques jours entre Noël et le jour de l’an, Marcus compte bien veiller sur ses ouailles. « Même si je suis en congé, je vais prendre du temps, prendre mon cellulaire pour envoyer un mot à mes jeunes. C’est une attention sincère. Quand je le fais, ils sentent que je ne fais pas ça pour l’argent, que je ne le fais pas juste pour ma job. »

Ce n’est pas un job, c’est une vocation. L’intervenant social en est parfaitement conscient et admet s’en faire pour certains locataires. « Oui, il y en a qui m’inquiètent. Avant de quitter pour les vacances, je vais regarder dans quel état d’esprit ils sont. Et si je suis inquiet, je vais en parler aux jeunes concernés. »

Des moments plus sombres

Il faut dire que l’un des locataires du SQUAT Basse-Ville a perdu la vie de façon tragique dans le passé, à cette même période de l’année. Il est mort d’une surdose. Ce fut un choc pour l’intervenant. « Ça m’a touché, ça m’a fait de la peine. On les aime nos jeunes. Je voyais tout le potentiel que cette personne avait. On avait eu de bons moments ensemble. Je me suis remis en question, je me suis demandé si j’avais une responsabilité là-dedans. Mais je ne peux pas aller au-devant de tout. »

Des réussites inspirantes

Il y a aussi des histoires qui se terminent bien. Marcus est bien fier d’un des jeunes qui vient de quitter le SQUAT pour aller vivre en appartement avec sa copine. Il lui a écrit sur sa page Facebook pour le remercier et lui dire qu’il le considérait comme son papa de remplacement. « Je lui ai répondu que tant qu’il allait me vouloir dans sa vie, j’allais le demeurer. »

Un autre parcours à la fin heureuse, celui d’un jeune qui est parti du refuge l’automne dernier et qui a accompli tout un cheminement personnel. Ce jeune est arrivé au SQUAT avec des problèmes de toxicomanie sévère et une tendance à avoir des relations de couple sous le signe de la violence. Il est retourné à l’école, a réussi à performer et a amassé de l’argent pour partir en voyage. « C’est un jeune que j’ai côtoyé dans ses pires et ses meilleurs moments. Je l’ai vu gagné en dignité. Si j’ai eu un petit rôle à jouer, que mon épaule a pu servir, tant mieux. Ce n’est pas mon succès à moi, c’est son succès et je suis fier d’elle. »

Une famille de 17 enfants!

À 42 ans, Marc-André Tremblay n’a pas d’enfant, mais il en a 17 en rotation au SQUAT Basse-Ville! Il le dit à la blague, mais on sent bien qu’il les aime comme si c’était les siens. Il n’écarte pas l’idée de fonder une famille avec sa blonde, une famille à l’image de ce qu’il est, une famille d’accueil. Il veut continuer à être un adulte significatif pour les jeunes encore longtemps.

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