Ces maisons de jeunes qui sèment des étincelles

Ilyes Vachon a 15 ans et il fréquente la Maison des jeunes de la MRC Robert-Cliche depuis trois ans. Sans l’aide de cet organisme soutenu par Centraide en Beauce, l’adolescent ne sait pas ce qu’il serait devenu. Tout au long de son primaire, il a subi de l’intimidation et s’est refermé sur lui-même. Épaulé par les intervenants de la maison de jeunes, il a repris confiance en lui et s’est fait des amis. Aujourd’hui, il a trouvé le bonheur. Son histoire a de quoi inspirer d’autres jeunes. 

Depuis qu’il est tout petit, Ilyes se sent différent des autres, pas seulement dans sa tête, dans son corps aussi. À sa naissance, Ilyes était une fille que ses parents ont appelée Mégane. Mais la petite fille s’est toujours sentie comme un garçon. Ses traits plus masculins et un problème de surpoids ne l’ont pas aidé à se faire des amis. 

Jusqu’en 6e année, il subit les railleries et les insultes de ses camarades de classe. Il n’a pas d’amis et souffre en silence. Il a même des pensées suicidaires alors qu’il n’a que 12 ans. « Je pensais au suicide chaque jour. J’avais l’impression que si je partais, personne n’aurait de peine. »  Il est de plus en plus anxieux à l’école et il a du mal à bien fonctionner dans ce cadre scolaire qui le rend si malheureux.

Il finit par demander de l’aide au directeur de son école primaire, mais sans succès. « Je suis allé le voir et je lui ai parlé de mes problèmes d’anxiété, mais il n’a rien voulu savoir. Il m’a dit qu’il était désolé, mais qu’il ne pouvait rien faire pour moi.»  À cette époque, il n’ose pas lui parler de ses pensées sombres, pas plus qu’à ses professeurs.  « Je ne leur faisais pas assez confiance pour parler de mes idées suicidaires. »

La maison des jeunes, sa bouée

Puis est arrivée la Maison des jeunes de la MRC Robert-Cliche dans sa vie, une révélation pour lui. Sa soeur aînée a fréquenté l’organisme auparavant et lui en a dit grand bien. Elle ne s’était pas trompée. « Quand je suis entrée à la Maison des jeunes, j’ai discuté avec les animateurs et je leur ai tout raconté ce que je vivais, que je ne me sentais pas bien dans ma peau et que j’avais des idées suicidaires. Ils m’ont laissé parler et ils m’ont écouté. J’ai tellement pleuré… » 

Après ces confidences, Ilyes est délivré d’un poids énorme. Il se sent enfin compris et apprécié à sa juste valeur. Il commence même à se faire de nouveaux amis parmi ceux qui fréquentent l’organisme. « J’ai commencé à être moi-même pour la première fois de ma vie, j’ai commencé à assumer que j’étais trans. Les intervenants m’ont supporté dans cette étape de ma vie, ils m’ont encouragé et m’ont dit que tout ce qu’ils voulaient, c’est que je sois moi-même et que je sois heureux. »

Prendre son envol

Les intervenants de la maison des jeunes l’ont accompagné tout au long de son processus pour devenir un garçon. Il a d’abord fait son coming out à l’école.  « J’étais en secondaire 2 et j’ai pris la parole devant toute la classe. Je leur ai dit je suis trans et maintenant je ne m’appelle plus Mégane, mais bien Ilyes. » Il a l’intention de subir une opération pour un changement de sexe quand il aura 18 ans. 

Les animateurs de la maison des jeunes l’ont encouragé à consulter le GRIS-Québec. L’organisme soutenu par Centraide lutte contre l’homophobie et offre un accompagnement aux jeunes de 14 à 25 ans dans une étape significative de leur développement. Ils l’ont aussi incité à consulter un psychologue pour régler ses problèmes d’anxiété.

La vie est soudainement devenue plus douce pour Ilyes. Au contact de la maison des jeunes, il a commencé à s’accepter comme il était et il s’est rendu compte qu’il avait de grandes forces. Le petit garçon timide et gêné, qui ne parlait à personne de peur de déplaire, s’est épanouit. Il s’est inscrit dans la troupe de théâtre de son école et a même été choisi pour animer l’événement Secondaire en spectacles.

Des outils pour la vie

Ilyes n’oubliera jamais ce que la Maison des jeunes de la MRC Robert-Cliche a fait pour lui.  « Ils m’ont redonné confiance en moi, ils m’ont aidé et soutenu quand ça allait moins bien. Ce n’est pas juste un organisme communautaire, c’est ma deuxième famille. »  

Même si la vie comporte parfois des embûches, Ilyes sent qu’on ne le laissera pas tomber. Il sait qu’il peut trouver du soutien et du réconfort auprès des animateurs de l’organisme.  « Quand je suis anxieux avant un examen, je vais les voir, ils savent quoi me dire pour me calmer. Des fois, j’ai juste besoin d’un câlin! »

Le financement de Centraide

L’adolescent s’estime chanceux d’avoir pu bénéficier de l’aide précieuse de la maison des jeunes. Pour lui, il ne fait aucun doute que le financement de Centraide pour ce genre d’organisme est essentiel, voire vital.

« Sincèrement, si je n’avais pas eu la Maison des jeunes de la MRC Robert-Cliche, je ne sais pas si je serais ici pour vous en parler. Le financement de Centraide permet d’avoir de bons intervenants pour soutenir les jeunes qui ont des problèmes. C’est un refuge, une maison de jeunes. »

Se projeter vers l’avenir

Ilyes compte bien fréquenter l’organisme communautaire jusqu’à ses 18 ans. Il vient y prendre ses repas tous les midis de semaine et participe à toutes les activités qui sont organisées. La maison de jeunes fait partie intégrante de sa vie. 

« Actuellement, je suis pas mal le plus heureux de ce que j’ai été depuis ma naissance. Mes amis sont là et je ne doute plus de qui je suis. Je sais que je vais avoir une belle vie et je veux devenir criminologue. Et quand je ne vais pas bien, je sais qui aller voir. Je vais à la maison des jeunes. »

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