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8 questions à… une organisatrice communautaire

  • 80 ans
  • Histoires de vie

Jeudi 11 décembre 2025

Pour ses 80 ans, Centraide vous présente une nouvelle série d’entrevues qui met en lumière les visages inspirants derrière les organismes communautaires et leurs partenaires.

À travers leurs réponses, démystifions leur travail, brisons les idées reçues et rencontrons celles et ceux qui rêvent d’un avenir plus solidaire.

Car derrière chaque organisme, il y a des humains passionnés qui changent la donne, un geste à la fois.



Le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) de la Capitale-Nationale dessert les régions de Charlevoix, de Québec et de Portneuf.

Marine Sériès y est organisatrice communautaire depuis 7 ans. Elle détient un baccalauréat en service social de l’Université Laval et une maîtrise en travail social de l’UQAM.

C’est un peu comme celui d’une travailleuse sociale, mais au lieu d’accompagner une seule personne, on soutient une communauté.

Au CIUSSS, les organisateur·trice·s communautaires sont rattaché·e·s à un territoire. Dans mon cas, c’est le quartier Saint-Roch. J’y collabore avec l’ensemble des acteurs et actrices : les organismes, la Ville, les gens d’affaires, la bibliothèque Gabrielle-Roy, les résident·e·s, etc., en plus des différentes directions du CIUSSS.

On n’est pas forcément des spécialistes du quoi, mais plutôt du processus. Par exemple, je ne suis pas une experte du logement, mais je peux aider le milieu à structurer une démarche, à créer les liens nécessaires et à monter un projet viable.

On n’impose jamais notre présence. On intervient à la demande, selon les besoins du milieu. Notre travail consiste en grande partie à aider des gens qui ont à cœur leur communauté à se rassembler dans un bon contexte.

Un certain côté social, pour bâtir des relations et animer diverses rencontres avec aisance.

Comme « gardien·ne du processus », on gagne à être organisé·e et structuré·e, ce qui est aussi nécessaire pour naviguer à travers la diversité des dossiers et de partenariats.

Finalement, beaucoup de flexibilité et d’écoute. On ne peut imposer nos méthodes et le chemin à prendre. Il faut respecter l’autodétermination des groupes qu’on accompagne. Leur expertise vaut la nôtre, et c’est en la reconnaissant qu’on peut vraiment innover. Je travaille en ce sens tous les jours avec des personnes extraordinaires qui m’amènent à des endroits où je n’aurais pas pu aller seule.

Je crois qu’un des ingrédients essentiels à l’organisation communautaire est de croire qu’ensemble, on peut faire mieux.

Les semaines se suivent et ne se ressemblent pas, mais notre travail s’articule généralement autour des tâches suivantes.

Nous contribuons à l’organisation de divers moments collectifs, comme des assemblées, des comités ou des concertations. Cela peut inclure de convoquer les personnes concernées, de planifier le contenu à aborder et d’animer la rencontre.

Nous participons aussi beaucoup au développement d’initiatives (ex. : projet de verdissement ou mise en place d’un nouveau service). Tout cela demande la rédaction de divers documents : comptes-rendus, plans d’action, outils de suivi ou demandes de financement.

Nous sommes également très présent·e·s sur les territoires que nous accompagnons. Nous prenons part, par exemple, à des comités de travail ou à des rencontres avec des partenaires. Ces interactions nous permettent de faire avancer des dossiers, mais également de créer et de maintenir des liens avec les personnes avec lesquelles nous travaillons. Cette connaissance fine des acteurs et actrices du milieu nous permet d’avoir une certaine connaissance des forces et des sensibilités présentes sur un territoire, et nous aide à faire les bonnes connexions, si cela s’avère nécessaire.

J’ai l’impression que ce n’est pas tant mon travail qui a changé que le contexte social.

Le tissu social s’est fragilisé, la précarité a pris de l’ampleur, on vit plus de polarisation… Concrètement, je vois que l’itinérance a pris une place beaucoup plus importante, tant dans mes dossiers que dans ceux de mes collègues, au centre-ville et en périphérie. Devant l’ampleur des défis, on peut se sentir parfois impuissant·e·s.

Je crois malheureusement qu’on n’a encore rien vu des effets des changements climatiques sur nos communautés. J’ai des craintes sur l’impact des événements climatiques, jumelés à l’augmentation de la précarité actuelle.

On aura un défi collectif dans la préservation de notre lien social, qui s’effrite présentement. Et quand ce lien se fragilise, cela vient creuser encore davantage les inégalités sociales.

J’ai fait un apprentissage essentiel pour ma carrière, avant même de devenir organisatrice communautaire.

Au cégep, j’étais impliquée dans mon association étudiante, et l’on souhaitait tenir une journée de grève. Plutôt que d’envoyer des messages généraux par affiches ou par infolettres, on a pris le temps d’aller parler aux personnes concernées, une à une. Des centaines de conversations pour expliquer le projet, et échanger avec la population étudiante.

J’ai réalisé à ce moment que pour mobiliser, pour changer les choses, il faut prendre le temps d’échanger, d’écouter, de créer un lien.

En travaillant en itinérance, on entend souvent qu’« il y aurait juste à faire telle chose pour régler la situation, c’est simple me semble. »

En réalité, c’est souvent bien plus complexe que ça en a l’air. On travaille avec des personnes qui peuvent porter des traumas, qui vivent beaucoup de précarité et d’exclusion, et avec des organismes qui font déjà énormément avec des ressources très limitées par rapport à l’ampleur des besoins. Sans ce qui se fait actuellement, la situation serait beaucoup plus difficile…

Ça ne veut pas dire qu’on ne peut pas continuer de développer et de s’ajuster, mais il demeure que, dans un contexte où les causes de l’itinérance sont la plupart du temps structurelles, les solutions sont souvent tout sauf simple.

Que l’on prenne davantage la mesure de l’enjeu climatique et que l’on s’ouvre à apprivoiser une vie avec plus de sobriété. Même si ça demande de se détacher d’un confort auquel on s’est habitué.

J’aimerais aussi que l’on voie cela comme un processus dans lequel on aurait individuellement et collectivement quelque chose à gagner.

Notre anniversaire, c'est aussi le vôtre.

Célébrez notre 80anniversaire en rencontrant des membres de l’équipe en 80 secondes et en posant un regard sur notre histoire. 

Triplez votre don

Jusqu'au 14 décembre, IGA des Sources triple* votre don à Centraide Québec et Chaudière-Appalaches.

Un don de 10 $ (soit 30 $ une fois triplé) permet à un organisme de fournir à 3 enfants une journée à sa halte-garderie.

*Jusqu'à concurrence de 50 000 $.

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