8 questions à... des bénévoles de Moisson Beauce

Mercredi 13 août 2025
Pour ses 80 ans, Centraide vous présente une nouvelle série d’entrevues qui met en lumière les visages inspirants derrière les organismes communautaires.
À travers leurs réponses, démystifions leur travail, brisons les idées reçues et rencontrons celles et ceux qui rêvent d’un avenir plus solidaire.
Car derrière chaque organisme, il y a des humains passionnés qui changent la donne, un geste à la fois.
Moisson Beauce recueille, trie et transforme les surplus d’aliments auprès de l’industrie agroalimentaire pour les redistribuer gratuitement à plus de 60 organismes, répartie dans six MRC de Chaudière-Appalaches.
Lynda Fecteau y fait du bénévolat depuis 2020. L’an dernier, Brigit Hamel s’est jointe à elle, et aux sept autres « madames de Beauceville » pour redonner au suivant.
On est là pour faire gagner du temps à l’équipe. Selon les besoins de l’équipe, on peut trier des denrées, les transformer ou encore faire ce qu’on appelle du décodage, soit retirer les codes-barres des produits pour indiquer qu’ils ne sont plus destinés à la vente.
Des exemples ? Pendant la saison des pommes, on peut en peler pendant huit semaines d’affilée ! Les cuisinières de Moisson Beauce s’en servent ensuite pour cuisiner des tartes ou des compotes. On peut aussi prendre du caramel qui arrive en format commercial et le remettre en portion familiale.

Jaser !
On blague, mais on est amies depuis plus de 40 ans et pour plusieurs d’entre nous, c’est le seul moment où l’on se retrouve. Alors chaque lundi matin, c’est un peu la fête.
L’équipe de Moisson Beauce nous accueille tellement à bras ouvert qu’on se sent en famille. Et après notre 3 h 30 de bénévolat, on dîne même tout le monde ensemble !
Quand on arrive, tout est déjà mis en place pour la tâche du jour. Des membres de l’équipe nous expliquent ce qu’il y a à faire. Après ça, on a une grande liberté : on s’organise entre nous, on décide qui fait quoi dans la chaîne de travail.
Parfois, on se réorganise en cours de route – on s’obstine même un peu ! – pour être le plus efficace possible. On sait qu’on est bénévoles, mais on se dit qu’on pourrait toujours en faire plus. Parce que derrière chaque panier, il y a une histoire et ça, c’est toute une motivation.
Il y a aussi une pause-café, où personnel et bénévoles se réunissent avant de poursuivre nos tâches respectives.
On fait du bénévolat à Moisson Beauce parce qu’on croit profondément que personne ne devrait avoir à choisir entre manger et se loger. Donner un peu de notre temps, c’est notre façon de semer la solidarité, de lutter contre le gaspillage alimentaire et de soutenir des familles qui traversent des moments difficiles.
C’est humainement enrichissant, on se le dit souvent. On repart souvent plus nourries que ceux et celles qu’on aide : nourries de gratitude, d’espoir, d’humilité.
Personne n’est à l’abri de vivre de l’insécurité alimentaire. Donner au suivant quand tu as des avantages dans la vie, c’est important.
Oui, surtout depuis quelques mois. Plusieurs de nos périodes de bénévolat ont été annulées, par manque de denrées. Ça crée du stress pour l’organisme parce que moins de denrées, ça veut dire moins de paniers, ou des paniers moins bien remplis…
Moisson Beauce doit donc acheter plus de produits, au lieu de les recevoir en don. Qui dit plus d’achats dit aussi plus de besoins financiers. Marie Champagne, la directrice générale, nous a d’ailleurs parlé de la belle collaboration avec Centraide, qui aide beaucoup dans le contexte.
On est plus conscientes de la réalité des familles. On est moins dans le jugement parce qu’on réalise qu’on ne connaît pas leur histoire, qu’on n’est pas dans leurs souliers. Il y a beaucoup de préjugés à défaire autour de la pauvreté et des organismes communautaires.
Quand on fait du bénévolat, peu importe où l’on choisit de le faire, on doit reconnaître qu’on n’est pas là pour dire aux gens quoi faire, mais plutôt pour les aider à reprendre leur route.
Dans notre groupe du lundi, on discute tout le temps de divers enjeux. Si chacune d’entre nous en parle aussi autour d’elle, on peut créer une petite vague qui fera une différence.
Lynda : Au début de la pandémie, j’ai remplacé une secrétaire qui venait de partir. On recevait plusieurs appels de gens inquiets qui venaient de perdre leur emploi, qui avaient des dettes à rembourser malgré tout et qui se demandaient ce qui allait se passer. Il y avait une urgence alimentaire, mais de vie aussi. L’équipe a dû se réorganiser très rapidement. Ce sentiment de panique, je vais me le rappeler longtemps.
Brigit : Personnellement, ce qui me marque chaque fois que je viens chez Moisson Beauce, c’est qu’au-delà des tonnes de denrées qui arrivent et qui se font transformer pour apporter du réconfort dans cette insécurité alimentaire, il y a tout cet amour et cette solidarité à l’interne. On prend soin les uns des autres.
Ce qu’on souhaite, c’est qu’on arrête de travailler en silo. Moins de bureaucratie, plus de collaboration. Si tout le monde travaillait ensemble, on pourrait répondre aux besoins plus rapidement, sans que les directions d’organismes aient à courir partout pour trouver du financement.
Est-ce que c’est utopique ? Peut-être. Mais on l’envoie dans l’univers quand même.
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