Aller au contenu

8 questions à... une gestionnaire d'organisme en défense de droits

  • 80 ans
  • Histoires de vie

Vendredi 26 septembre 2025

Pour ses 80 ans, Centraide vous présente une nouvelle série d’entrevues qui met en lumière les visages inspirants derrière les organismes communautaires.

À travers leurs réponses, démystifions leur travail, brisons les idées reçues et rencontrons celles et ceux qui rêvent d’un avenir plus solidaire.

Car derrière chaque organisme, il y a des humains passionnés qui changent la donne, un geste à la fois.



L’Association de Défense des Droits Sociaux (ADDS) de la Rive-Sud accompagne des personnes sans emploi ou en situation de pauvreté dans Lévis et dans les MRC de Bellechasse, de L’Islet et de Montmagny.

Roxane Blanchet est cogestionnaire de l’organisme depuis bientôt 14 ans. 

Notre travail, c’est la défense des droits. Ça peut se décliner d’abord en défense individuelle. Par exemple, si quelqu’un ne sait pas comment s’y prendre face à une problématique avec l’aide sociale, on est là pour l’accompagner, l’informer afin qu’il puisse faire valoir ses droits. 

Mais notre action va plus loin que ça. Il y a toute la dimension collective. On rassemble les gens, on réfléchit ensemble aux lois et à leurs impacts. Et quand on constate que des droits fondamentaux, comme la dignité, ne sont pas respectés, on agit. Que ce soit par une pétition, une manifestation, ou une rencontre avec les décideurs, on dit : « Ça ne fonctionne pas, il doit y avoir un changement ».

De l’autonomie. À l’ADDS Rive-Sud, on fonctionne en cogestion. Nous sommes trois employées, toutes gestionnaires, qui répondons du conseil d’administration. Au quotidien, il y a donc une grande autonomie dans l’exécution des tâches. Chacune doit pouvoir s’appuyer sur les autres, avoir confiance que chacune va faire sa part.

De l’adaptation. Autant aux idées des collègues qu’à l’actualité. Si demain matin, le ministère annonce une réforme de l’aide sociale, il faut réagir. 

Du leadership. Un organisme a avantage à toujours chercher à se dépasser, à ne pas être qu’un exécutant, mais également amener de l’eau au moulin.

Une bonne capacité à communiquer. C’est essentiel, particulièrement en cogestion, où tout est partagé.

Le plus plaisant, c’est vraiment la cohésion d’équipe que ça l’apporte. Et puis, ça évite la redondance : j’ai l’occasion de toucher à tout, et personnellement, ça me motive beaucoup. Ça permet aussi que de ne pas faire tout reposer sur les épaules d’une même personne. 

Côté défi, il faut de très bons mécanismes pour assurer le suivi des dossiers de chacune. 

Nos services sont offerts du lundi au jeudi. On répond aux questions par téléphone, on accompagne les personnes dans leurs démarches.

La majorité de nos membres sont des personnes assistées sociales ou des retraité·e·s vivant en situation de pauvreté. Elles participent à nos comités (Éducation populaire, Luttes, Femmes et pauvreté, etc.), ce qui ponctue nos semaines de réunions et d’échanges.

On fait aussi partie de plusieurs regroupements, dont le Regroupement d’éducation populaire de Québec et Chaudière-Appalaches et le Front commun des personnes assistées sociales du Québec. Être représentante, c’est porter la voix de nos membres, mais aussi ramener l’information à l’interne.

On suit des formations, et l’on en donne aussi. Par exemple, Démystifier l’aide sociale est offerte quatre à cinq fois par année, autant à des intervenant·e·s qu’à des personnes curieuses de savoir comment l’aide sociale fonctionne.

À tout ça s’ajoute le volet administratif : paiement de factures, demandes de financement, redditions de compte… Et le volet promotionnel : alimenter nos réseaux sociaux, diffuser nos offres de formation. C’est important, mais souvent, on manque de temps et de ressources pour le faire comme on voudrait.

Depuis que je suis à l’ADDS, le financement gouvernemental a triplé ! Ça nous a permis d’ajouter une troisième personne à l’équipe et d’élargir le territoire desservi. Depuis 2021, on couvre donc Montmagny et L’Islet, en plus de Bellechasse et de Lévis.

L’informatique prend aussi plus de place. La loi 25 [sur la protection des renseignements personnels], c’est une bonne chose, mais ça ajoute un certain poids. Il faut s’adapter.

C’est sûr que ce n’est pas la même réalité dans le haut de Montmagny qu’au centre-ville de Lévis. Le transport est un gros frein dans les régions plus éloignées. 

Et quand on regarde les données, on voit qu’il y a plus de pauvreté, tant matérielle que sociale, dans Montmagny-L’Islet que dans Lévis.

Je me permets d’en nommer deux.

D’abord, sur la défense collective des droits. Il y a ce préjugé qu’on est juste des « teneux de pancarte ». Pourtant, c’est tellement plus que ça. On est là pour rassembler les gens, pour leur redonner du pouvoir. 

Ensuite, il y a encore beaucoup de stigmates autour de l’assistance sociale. De réforme en réforme, il y a des coupures qui sont souvent alimentées par ces préjugés. 

Avec la situation économique actuelle, et l’austérité que l’on sent approcher, je nous souhaite de la stabilité financière. Il y a encore trop d’organismes sous-financés. Centraide ne peut pas couvrir tous les besoins : le gouvernement doit faire sa part. 

Notre anniversaire, c'est aussi le vôtre.

Célébrez notre 80anniversaire en rencontrant des membres de l’équipe en 80 secondes et en posant un regard sur notre histoire.