Le contexte

Il en a été amplement question au cours des derniers mois : l’accès au logement (ou plutôt son inaccessibilité) revient actuellement à l’avant-plan comme enjeu social majeur au Québec. Le Québec vit une véritable crise du logement : les logements sont de plus en rares et de plus en plus chers.

Cette crise n’affecte pas que les Montréalais. Elle atteint un nombre croissant de personnes avec toutes sortes de profil, en plus des personnes en situation de pauvreté ou d’exclusion, qui se retrouvent ainsi doublement affectées. En cette journée de déménagement pour plusieurs, posons notre regard sur l’un des enjeux qui a le plus grand impact sur les conditions de vie des Québécois et des Québécoises.

Des données inquiétantes

En 2016, 457 000 ménages locataires québécois vivaient dans un logement inabordable, et près de 200 000 d’entre eux consacraient plus de 50 % de leur revenu à se loger. Rappelons qu’un logement est considéré inabordable lorsque plus de 30 % du revenu est consacré à se loger.

Entre 1980 et 2015, le loyer médian a augmenté de 208 % dans la région de Québec, alors que le revenu médian a augmenté de 160 %. C’est donc dire que le prix des loyers augmente plus vite que les revenus des ménages.

La Beauce vit une importante crise du logement à la suite des inondations de 2018, qui ont entraîné la destruction de nombreux logements abordables. À Saint-Georges, le taux d’inoccupation est de 0,6 %, alors qu’il est de 0,4 % à Sainte-Marie. À noter que le marché locatif est jugé équilibré lorsque le taux d’inoccupation se situe autour de 3 %.

Au Québec, 14,2 % des Autochtones doivent vivre dans un logement de taille insuffisante, alors que c’est le cas de 6,8 % des non-Autochtones.

Effets de la pandémie

  • La pandémie a révélé les inégalités existantes en matière de logement. Les mesures de confinement ont démontré l’importance d’un chez-soi qui correspond à nos besoins. En effet, la qualité du logement a des impacts majeurs sur de nombreux aspects de nos vies, entre autres sur la réussite scolaire des jeunes et sur notre santé mentale.
  • Le marché immobilier s’est emballé au cours de la dernière année. Conséquence : une forte hausse du prix des maisons et des copropriétés a rendu l’accès à la propriété inaccessible pour plusieurs. Cette situation en a forcé plusieurs à demeurer locataires, accentuant ainsi la pression sur le marché locatif.
  • Les effets de la pandémie sur l’industrie de la construction et de la rénovation se traduisent par un impact à la hausse sur le prix des logements et des propriétés.
  • Le développement du marché immobilier met une forte pression sur le marché locatif, qui perd constamment des unités de logement. Cet effet de rareté peut à son tour mener à des loyers de plus en plus chers.

La crise du logement touche tout le monde. Si elle atteint des gens de la classe moyenne qui ont de la difficulté à se loger, imaginons l’impact qu’elle peut avoir pour les personnes à faible revenu.

Pour toutes ces personnes, la crise du logement rime avec une précarité et un appauvrissement accru, qui en forcent plusieurs à couper dans d’autres dépenses essentielles, comme l’alimentation. Pour les personnes aînées ou pour les personnes qui cherchent un logement adapté, la crise peut signifier un déménagement vers un logement plus cher, de moindre qualité et souvent loin de leur réseau social.

Des solutions existent à cette crise. Elles passent entre autres par le développement du logement social, mais aussi par des manières de freiner la hausse des loyers et de diminuer le nombre d’évictions. Les organismes communautaires et les paliers gouvernementaux ont un grand rôle à jouer en ce sens.

D’ailleurs, les organismes communautaires travaillent de diverses façons à assurer le droit à un logement convenable pour tous et toutes et à développer des solutions :

  • Ils accompagnent les locataires qui font face à des augmentations de loyers démesurées ou à des problèmes d’insalubrité dans leur logement.
  • Ils travaillent à l’amélioration du parc locatif et à l’accroissement des possibilités d’habitation.
  • Ils développent des logements pour des personnes plus vulnérables.
  • Ils accompagnent des groupes de requérants portant des projets de logements sociaux.
  • Ils informent les locataires sur la possibilité d’avoir accès au programme d’allocation au logement.

Parce que le logement est un besoin essentiel, préserver le logement abordable doit figurer parmi nos priorités collectives.